3 questions à Romain Champy, directeur de l’aménagement et des transitions d’Oppidea-Europolia

Les préoccupations environnementales sont-elles une nouveauté dans l’aménagement urbain ?
Hier comme aujourd’hui, produire un quartier nécessite de s’interroger sur le cadre de vie, ce qui suppose des réflexions sur la place d’espaces de respiration et la nature en ville. L’écoquartier de Vidailhan, à Balma, conçu dans les années 2000, illustre l’ancienneté de la prise en compte des enjeux environnementaux : il est organisé autour d’un parc central, avec des espaces verts irriguant tout le quartier, des cœurs d’îlots plantés, une végétalisation pensée avec différentes strates, des systèmes de noues pour récupérer les eaux pluviales et favoriser le cycle naturel de l’eau, et déjà un réseau de chaleur. Ces dernières années, nos métiers ont pris en compte de nouvelles problématiques, principalement autour de la question énergétique et de l’urgence climatique. L’évolution du cadre réglementaire, RT2012, E+C-, et RE2020 depuis 2022, fait de la décarbonation une question fondamentale de nos opérations d’aménagement.

Les Jardins de Vidailhan, à Balma, espace central autour duquel l’écoquartier se développe.
Quelles sont les marges d’action pour réduire l’empreinte de la ville ?
Les bilans carbone analysent le cycle de vie des opérations sur 50 ans, ce qui intègre le coût carbone à la construction, mais aussi le vie des bâtiments et des quartiers dans la durée. Ils montrent que la principale ligne d’action concerne le bâtiment, et sur ce sujet, nous donnons aux promoteurs nos attendus concernant la performance énergétique, la qualité d’usage et architecturale, mais aussi des thématiques d’innovation qui nous semblent importantes. L’idée n’est pas d’imposer une doctrine unique mais de travailler à une dynamique d’entraînement de la profession sur une multitude de projets différents. Au niveau de l’aménagement, nous pouvons agir sur des postes qui pèsent moins lourd du point de vue de l’empreinte carbone, mais qui sont intéressants parce que nous les maîtrisons, comme la programmation du quartier, la gestion des mouvements de terre, le réseau de chaleur, les stationnements, la présence d’une offre de transport. Par exemple, il est intéressant d’aménager les abords des lignes de métro. Le développement de projets d’électricité photovoltaïque dans nos opérations entre aussi dans ces réflexions.
La préservation de la biodiversité est un autre sujet émergent…
Il y a dans ce domaine des enjeux réglementaires très forts qui influent sur la manière de penser les nouveaux quartiers. De nombreuses opérations doivent prendre en compte la présence d’espèces animales ou végétales protégées. Le projet urbain se fait avec le vivant, ce qui demande une grande rigueur pour engager les projets et les faire vivre dans le temps, en évitant au maximum les impacts. C’est parfois difficile, contraignant, mais nos équipes s’efforcent d’être au rendez-vous et y travaillent avec des experts, paysagistes et écologues.
Arrivé en 2018 à Oppidea Europolia, Romain Champy a été nommé en février 2024 directeur de l’aménagement et des transitions du groupe. En janvier 2025, il a reçu le prix de l’« Aménageur public de l’année », décerné par Traits Urbains à l’occasion du Diner des « 100 qui font la ville ».
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