Céline Gislard, directrice du développement chez Oppidea : « Des réseaux de chaleur toujours plus vertueux et efficaces »
Chez Oppidea, travailler à la ville de demain est d’abord synonyme de développement durable. Nous plaçons la fourniture et consommation d’énergie des quartiers parmi nos priorités. Les réseaux de chaleur collectifs constituent des instruments de poids au service de la transition écologique. Explications.
Depuis 10 ans, l’agglomération toulousaine compte des réseaux de chaleur dans les quartiers aménagés par Oppidea. Quelle est leur ampleur ?
Un premier réseau de chaleur a été déployé dès 2010 à Balma-Vidailhan. Il alimente 1300 logements. L’écoquartier La Cartoucherie a ensuite suivi, en 2017, avec un réseau chaud-froid pour 3 500 logements et 78 000 m2 de bureaux (à horizon 2025). Il exploite l’énergie issue de l’incinérateur de déchets du Mirail qui, dès les années 60, a permis de réaliser le premier réseau de chaleur pour le quartier du Mirail, justement.
Le réseau de chauffage urbain dit « Plaine Campus », qui valorise aussi l’énergie de l’incinérateur du Mirail, est lui opérationnel depuis septembre 2019. Il alimente plusieurs quartiers : Empalot, Rangueil, Saint-Exupéry, mais aussi Toulouse Aerospace et bientôt Malepère.
Qu’est-ce qui a présidé à leur déploiement, la technologie retenue et les modes d’exploitation ?
L’idée de base est de répondre à la question du mode d’approvisionnement et de la consommation d’énergie, dans la logique durable qui fonde tout écoquartier. A chaque fois, nous avons mené une étude qui a déterminé le choix le plus pertinent écologiquement, le plus performant au niveau énergétique et le plus satisfaisant économiquement. Sur Balma, en 2010, nous avons voulu inscrire l’écoquartier dans l’ambition de l’Agenda 21 de la ville. Les opérateurs immobiliers de la première tranche ont accepté de mettre en œuvre un approvisionnement collectif non électrique. A l’époque, Toulouse Métropole ne disposait pas encore de la compétence énergie. C’est un acteur privé (Cofely – Suez) qui a déployé le réseau de chaleur à ses propres risques. Le projet de départ – chaufferie bois – a finalement évolué en chaufferie à condensateurs solaires (innovant pour du résidentiel), avec de la biomasse en secondaire et un appoint gaz. Soit un réseau basé sur 50 % d’énergie renouvelable et de récupération (EnRR) pour fonctionner.
Dans l’écoquartier La Cartoucherie, nous avons fait le choix d’une source d’énergie fatale déjà exploitée par Toulouse Métropole : l’énergie issue de l’incinérateur du Mirail. Le réseau a été étendu jusqu’à l’écoquartier et le montage totalement maîtrisé par la collectivité, avec la SETMI qui exploite la ressource et Coriance qui assure la distribution. Nous sommes ici à 80 % d’énergie renouvelable et de récupération utilisée.
L’ambition y est décuplée, puisqu’il concerne les logements mais aussi les locaux tertiaires. Dans les bureaux, il y a aussi un système froid, avec des machines à absorption qui convertissent l’énergie du réseau de chauffage. Si l’utilisateur final est gagnant sur sa consommation, le promoteur prend en charge un surcoût d’installation pour participer au déploiement de ce système centralisé et vertueux écologiquement.
En quoi la boucle « Plaine Campus » est-elle un nouveau saut qualitatif s’agissant des réseaux de chaleur ?
Plaine Campus est un réseau de 36 km de canalisations d’eau chaude, parmi les plus étendus de France. Il couvre 1 500 hectares et va pouvoir chauffer jusqu’à 15 000 logements. Sa gestion et sa maintenance ont été confiées par Toulouse Métropole, dans le cadre d’une délégation de service public, à Toulouse Energie Durable (TED), filiale à 100% de Dalkia. Le réseau Plaine Campus est alimenté à 70 % par des énergies de récupération fatales, issues de l’incinérateur de déchets du Mirail et des supercalculateurs de Météo France, installés à Toulouse Aerospace. Une chaufferie d’appoint gaz complète le dispositif.
En tant qu’aménageur, Oppidea est associé à l’insertion progressive du réseau de chaleur, à mesure de la livraison des programmes de logements dans l’écoquartier Toulouse Aerospace. Nous prescrivons notamment l’emplacement des réseaux et de la sous-station à chaque promoteur. Le phasage des travaux est alors crucial et s’organise en continu avec le délégataire, Dalkia.
Quelles sont les estimations de gain obtenus en matière énergétique et écologique, pour ces réseaux ?
Sur chacun, les études détaillaient les gains théoriques à attendre suite au déploiement. On estime par exemple que le réseau Plaine Campus permet d’éviter de relâcher 19 000 tonnes de CO2/an dans l’atmosphère et livrera à terme 120 GWh/an. Sur le réseau de l’écoquartier de la Cartoucherie, on parle du rejet évité de 1 600 tonnes de CO2/an, pour 14,5 GWh livré par an.
Nous sommes en train de mettre en place des systèmes d’évaluation de terrain, afin d’affiner nos connaissances en matière de performance énergétique, mais aussi afin de mieux connaître ces réseaux sous toutes leurs coutures.
Au niveau économique, les gains peuvent être multiples. Sur le dispositif Plaine campus, on peut ainsi atteindre :
- 7 % d’économies moyenne sur la facture des ménages, avec une TVA à 5,5 %, grâce au taux d’EnRR atteint pour son fonctionnement,
- 1 M€ de rentrées financières annuelles pour Toulouse Métropole, par la vente de l’énergie fatale à Dalkia,
- Baisse de la taxe due sur les activités polluantes, avec 65 % de valorisation énergétique de l’incinérateur.
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